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Qu'est-ce que le Jungle Essence en Parfumerie?

Comment donner plus de réalisme a un parfum ? comment extraire une délicieuse odeur sans la dénaturer ?


Depuis une vingtaine d'années la société de composition française Mane a développé un système d'extraction au fluide supercritique qui a innové dans le domaine. Son nom le Gingerbread Jungle Essence. L'innovation a permis en autre d'obtenir des extraits d'immortelles, d'eucalyptus ou encore de lavandin, normalement difficile a extraire avec les méthodes classiques.


Mais comment ça fonctionne ?

« Les ingrédients subissent une extraction grâce à un gaz porté à une température et une pression au-delà de ce qu’on appelle le point critique. Ce dernier atteint alors un point d’équilibre entre état gazeux et état liquide, que l’on appelle supercritique, et qui permet de l’utiliser comme solvant pour recueillir les molécules odorantes d’une matière première », détaille Mathilde Voisin, marketing manager ingrédients.


Sur quelles matières premières peut on l'utiliser ?

Les matériaux qui contiennent peu d’eau se prêtent particulièrement bien à l’opération : la cardamome, la vanille, le gingembre, la baie rose, l’iris ou l’algue rouge permettent d’obtenir des Pure Jungle Essence. D’autres ingrédients, souvent plus aqueux, peuvent nécessiter l’utilisation d’un co-solvant, comme la framboise, l’ananas, le poivron vert. On parle alors de Neo Jungle Essence. Au total, une quarantaine d’extraits ont été créés, représentant une grande part des matières premières naturelles dont disposent les parfumeurs (8 à 10% de leur palette). Ils sont également utilisés par les aromaticiens travaillant pour l’industrie alimentaire.


Qu'apporte t'il a la palette du parfumeur ?

Permettant d’apporter un réalisme inédit à la palette des parfumeurs, les Jungle Essence s’avèrent un outil précieux pour stimuler leur créativité. Alors qu’une essence de rose ou une absolue de jasmin sont très différentes des fleurs senties sur pied, les Jungle Essence sont particulièrement proches de la matière première d’origine. « Comme on travaille à basse température, les molécules odorantes ne sont pas dégradées, et on obtient un rendu plus complexe, plus facetté qu’avec d’autres procédés », explique Mathilde Voisin. Toute la richesse de l’ingrédient reste perceptible, des notes de tête à celles de fond, tandis que l’huile essentielle met plutôt l’accent sur les premières, et l’absolue sur les secondes. Le genièvre, dont l’essence est habituellement très terpénique [évoquant le pin et le camphre], se révèle ici frais, incisif et fruité ; l’eucalyptus abandonne ses connotations médicinales pour retrouver les accents ensoleillés, rappelant presque le cassis, qui embaument les paysages méditerranéens.


Un exemple ?

Réinventer les classiques de la parfumerie. « La lavande est un très bon exemple », souligne Julie Massé, parfumeur chez Mane. « Elle est délicieuse, beaucoup plus florale, plus coumarine, sans les notes de tige, de foin qui apparaissent avec les autres techniques d’extraction. Cela lui redonne toute sa noblesse, et on voit tout l’intérêt de cette innovation. » A la clé, un sentiment de familiarité souvent séduisant pour les consommateurs. « Il est la plupart du temps difficile pour le grand public de sentir les différentes facettes d’un parfum mais si l’une des composantes lui est familière, la compréhension et la mémorisation seront plus faciles », indique Serge Majoullier, parfumeur senior chez Mane et expert du Jungle Essence.


Serait-ce la méthode d’extraction idéale ?

Dernier atout, le Jungle Essence respecte les principes de la chimie verte et génère un impact limité sur l’environnement, ce qui répond aux nouvelles attentes des marques et des consommateurs. Il faut souligner qu’elle ne peut pas s’appliquer à toutes les matières premières, même si les Neo Jungle Essence permettent d’élargir l’éventail des possibles. Par ailleurs, elle nécessite également des investissements plus importants, des installations plus coûteuses. « Pour décider d’introduire un nouveau Jungle Essence, il faut mettre ces paramètres en balance avec la valeur ajoutée olfactive qu’apporterait ce produit », nuance Serge Majoullier.


Quel est son point fort par rapport aux autres système d'extraction ?

Pour découvrir de nouveaux ingrédients qui feront peut-être la différence dans une composition, Mane a innové en créant une version nomade de l’outil. « Dans n’importe quelle région de la planète, si un matériau nous semble prometteur, nous pouvons obtenir en 30 minutes 0,5 ou 1 ml d’extrait, et vérifier s’il présente un intérêt. Ensuite, quand on passe du kit nomade à l’échelle industrielle, on retrouve le même profil olfactif », conclut Mathilde Voisin. De quoi rapporter du bout du monde les matières premières de demain.


extrait de l'article mag.bynez.com par Anne-Sophie Hojlo